Il est devenu aujourd’hui plus difficile de trouver un bon collaborateur qu’un client ! La profession le sait, et l’expérimente chaque jour en faisant face aux départs naturels de collaborateurs et à une pénurie de profil sur le marché de l’emploi. Selon une enquête réalisée par Hays et la Revue Fiduciaire, les chiffres sont d’ailleurs éloquents :
- chaque année, la France enregistre un déficit de 300 à 400 diplômés d’expertise comptable
- dans la décennie 2015 – 2025, un tiers des experts comptables va partir à la retraite
- en 2018, plus de 80% des cabinets ont cherché à recruter des collaborateurs comptables
- 20% des collaborateurs ont quitté leur cabinet, très majoritairement à leur initiative
- ces départs concernent 1 cabinet sur 2 comptant moins de 30 salariés.
Si les cabinets offrent des avantages réels tels qu’une stabilité à long terme, une formation régulière et des rémunérations correctes, il est vrai que la profession souffre d’une baisse d’attractivité. Avec 130 000 collaborateurs, l’expertise comptable est un secteur qui ne connait pas la crise de l’emploi mais bien celle de l’employé !

Les attentes des collaborateurs évoluent ! Ces derniers sont aujourd’hui davantage attentifs au bien-être au travail, et en font une priorité, au-delà du niveau de rémunération. Ils aspirent à un meilleur climat social, à un équilibre vie pro / vie perso, et à une qualité managériale. Ils veulent également des missions plus gratifiantes que la saisie et le traitement de données. Plus volatiles, ils n’hésitent pas à changer d’employeur, d’emploi, voire de métier.
Ces jeunes talents attendent flexibilité et liberté de la part de leur futur employeur. Ils craignent par-dessus tout l’ennui, et cherchent une entreprise à leur image : moderne, connectée et porteuse de sens. Ils veulent un environnement épanouissant autant sur le plan humain que professionnel.

Du côté client, les attentes aussi changent ! Selon Cegid, 83% des entreprises clientes veulent davantage que la simple tenue comptable. Elles ont besoin de conseils pour un pilotage stratégique et réactif, mais aussi de services complémentaires. 99% des entreprises en France sont des TPE : elles n’ont pas de services financier, juridique, RH, informatique, administratif… Bref, ces entreprises n’ont pas de fonctions supports et ont un réel besoin d’être accompagnées dans un environnement de plus en plus complexe.
Les compétences nécessaires au sein des cabinets pour répondre à ces besoins sont de plus orientées vers la relation client et la communication, sans pour autant négliger les aspects juridiques et réglementaires.

Et la digitalisation des activités comptables change aussi la donne ! Les cabinets traditionnels intègrent de plus en plus de solutions dématérialisées, souvent par enjeux de productivité. Cela amplifie le changement dans la relation au client, les collaborateurs doivent non seulement intégrer le relationnel mais également maîtriser l’écosystème digital cabinet-client.
Fort heureusement, comme le précise SAGE, la technologie peut séduire cette génération élevée au smartphone, accro aux réseaux sociaux, et aguerrie à la résolution de problème.
En soit, la mutation de la profession est amorcée, et elle est profonde ! Dans ce bouleversement des outils, de l’organisation et du management, les profils des nouvelles générations représentent une opportunité de développement. Se rendre attractif par la digitalisation et par des conditions de travail plus qualitatives permet in fine de dépasser la guerre des talents actuelle, basée sur la recherche de profils standardisés et répondant aux problématiques du passé.

Et si c’était l’occasion de changer de modèle ? de changer d’organisation ? de s’ouvrir à des profils un peu moins comptables mais surtout férus de nouvelles technologies ? d’intégrer des compétences sociales et émotionnelles utiles à la relation client et au management ?