Une nécessité réglementaire avant tout :

Les activités liées à la comptabilité sont globalement partagées entre les entreprises et les cabinets d’expertise comptable. Qu’il s’agisse de tenir les comptes (saisie des écritures comptables), produire des déclarations fiscales, ou encore produire de l’information financière (bilan comptable), cela répond tout d’abord à un ensemble d’exigences légales et réglementaires qui pèsent en premier lieu sur le chef d’entreprise mais également sur l’expert-comptable.

Dans les petites entreprises (disons moins de 50 salariés), la comptabilité reste certainement une « boite noire » pour la majorité des dirigeants, cela leur parait suffisamment complexe pour faire appel à un professionnel. Ils achètent d’abord une conformité, « L’attestation des comptes, l’aide à la gestion de la complexité administrative et l’obligation en lien avec le statut de la structure demeurent les trois raisons principales pour lesquelles les entreprises et associations font appel à un expert-comptable » (Marchés de la profession comptable, CSOEC, Edition 2017).

Un éclairage complémentaire a posteriori :

En complément de la garantie de conformité, le cabinet d’expertise comptable apporte au chef d’entreprise un éclairage et des conseils sur la gestion de l’entreprise et l’optimisation financière.

Mais il est probable que, pour ces petites entreprises, le conseil en gestion apporté par les cabinets (tableau de bord…) provienne principalement de la comptabilité. On parle bien ici de comptabilité générale (obligatoire) car la comptabilité de gestion (ou comptabilité analytique) est certainement peu employée (et préconisée) dans de telles entreprises.

Or la tenue comptable opère un filtre considérable sur la masse d’information transmise par les entreprises, pour n’en conserver qu’une partie « normative ». C’est ensuite la capacité du professionnel du chiffre à prendre en comptes les éléments hors comptables qui va lui permettre de dispenser les meilleurs conseils.

Les cabinets d’expertise comptable travaillent la « matière comptable », leur activité dépend fortement du flux entrant de documents (factures, relevés…) et de données numériques.

La transformation numérique change la donne :

L’informatisation des activités comptables a permis des gains considérables de productivité, voire de délais. La transformation numérique en cours est perçue plutôt positivement par la profession comptable car synonyme de nouveaux gains de productivité (grâce à l’Intelligence Artificielle), d’amélioration des informations rendues (grâce au Big data) et de services complémentaires (RGPD, accompagnement à la transformation digitale, détection de besoins grâce à l’IA…).

Mais la « révolution » numérique concerne bien d’autres acteurs, déjà bien « positionnés » autour de l’entreprise (banque, logiciel ERP et autres applications, fournisseurs, clients, partenaires, consultants…).

Le cabinet d’expertise comptable devient un acteur parmi d’autres :

Le chef d’entreprise disposera peut être demain d’un ensemble d’ « outils interconnectés » qui l’accompagneront dans sa gestion quotidienne et prospective (de manière qualitative et personnalisée). Le service serait ainsi rendu au plus près du terrain et ces mêmes outils pourraient « envoyer » un flux d’informations « basiques » vers la comptabilité pour répondre aux obligations légales et réglementaires.

Dans cette hypothèse assez négative et caricaturale, le cabinet d’expertise-comptable deviendrait un sous-traitant dans une chaine de valeur pilotée par des acteurs extérieurs, de type Uber.

Ainsi, miser sur la « gestion » à partir de la comptabilité est-t-il vraiment porteur d’avenir ?